1. Qu'est ce qu'un contrat à durée déterminée ?
Un contrat à durée déterminée (CDD) est un type de contrat de travail dans lequel un employeur embauche un salarié pour une période définie à l'avance. Contrairement au contrat à durée indéterminée (CDI), le CDD est limité dans le temps et ne peut être utilisé que pour des situations spécifiques prévues par la loi, comme :
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Le remplacement temporaire d'un salarié absent ou dont le poste est vacant ;
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Un accroissement temporaire d'activité ;
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Des emplois saisonniers ou des travaux temporaires.
Le CDD doit obligatoirement être rédigé par écrit, mentionner la durée du contrat (qui peut être fixe ou liée à la réalisation d'un objet particulier), et préciser les motifs de recours à ce type de contrat.
2. Dans quelles conditions je peux mettre en place une rupture anticipée d'un CDD ?
Le Contrat à Durée Déterminée (CDD) prend fin à l’échéance du terme, il cesse alors de plein droit.
Avant cette date, le CDD ne peut être rompu que dans certains cas limitatifs de rupture anticipée :
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Accord des parties, volonté claire et non équivoque
La rupture anticipée d'un Contrat à Durée Déterminée (CDD) peut être réalisée d'un commun accord entre l'employeur et le salarié, conformément à l'article L. 1243-1 du code du travail.
Cependant, cette décision doit être clairement exprimée par les deux parties, comme l'a souligné la Cour de cassation.
Elle ne peut résulter d'une interprétation implicite des intentions, ni être déduite de la simple signature de documents tels que le reçu pour solde de tout compte ou une attestation Pôle emploi.
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En raison d'un cas de Force majeure
La force majeure est une situation exceptionnelle qui permet à une personne de rompre un contrat sans suivre de procédure particulière ni payer d'indemnités. Que le contrat soit à durée déterminée ou indéterminée, la force majeure s'applique de la même manière.
La Cour de cassation a restreint cette définition en 2003, affirmant que la force majeure survient lorsque des événements extérieurs et irrésistibles rendent impossible la poursuite du contrat.
Cette notion a également été appliquée à la rupture anticipée de contrats à durée déterminée, comme dans le cas du décès d'une personne clé ou de l'inaptitude physique d'un salarié.
Par exemple, la Cour a décidé qu'un cyclone endommageant partiellement un hôtel ne constituait pas un cas de force majeure si l'exploitation de l'hôtel pouvait reprendre après réparation et si les employés pouvaient continuer leur travail.
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En raison d'une faute grave
Dans le cadre disciplinaire, seule la faute grave autorise la rupture anticipée d'un contrat à durée de déterminée.
Un licenciement pour faute doit être justifié par une cause réelle et sérieuse.
Motif réel
La rupture doit reposer sur un motif réel, il doit être existant, exact et objectif, autrement dit :
La cause de la rupture doit être établie. les faits invoqués doivent donc être réels et vérifiables.
Les faits invoqués doivent être exacte et la véritable raison de la rupture
Le motif de la rupture doit être objectif, il ne doit pas dépendre de l'humeur de l'employeur.
Motif sérieux
La rupture doit reposer sur un caractère sérieux.
La cause sérieuse est une cause revêtant une certaine gravité rendant impossible sans dommage pour l'entreprise, le maintien du salarié au sein de la société.
La faute commise doit être suffisamment grave rendant nécessaire la rupture anticipée.
Attention : En cas de contentieux, le Conseil de prud'hommes n'hésitera pas à étudier le caractère réel et sérieux de la cause. La rupture anticipée pour faute grave dont le motif n'est pas réel et / ou ni sérieux, ce dernier sera considéré comme abusif, sans cause réelle et sérieuse, entrainant ainsi un dédommagement à l'égard du salarié concerné.
Comment évaluer la gravité de la faute ?
La gravité de la faute dans le cadre d'une rupture anticipée pour faute grave se caractérise par l'intensité du manquement du salarié à ses obligations contractuelles.
En droit du travail, la qualification de la faute (simple, grave ou lourde) détermine les conséquences du licenciement, notamment en termes d'indemnités et de préavis.
Plusieurs critères permettent de caractériser la gravité de la faute :
A. L'impact sur l'entreprise.
L'élément clé pour caractériser la gravité d'une faute est son impact sur l'entreprise. Une faute est jugée plus grave si elle nuit à la bonne marche de l'entreprise, met en péril ses intérêts ou affecte son fonctionnement. L'atteinte peut être financière, organisationnelle, ou porter atteinte à la réputation de l'entreprise.
Exemple : pour la faute grave, l'abandon de poste, violence, vol, harcèlement, insubordination persistante. Ce type de faute entraîne une désorganisation immédiate ou un dommage important à l'entreprise, rendant impossible la poursuite du contrat de travail même temporairement.
B. Le comportement du salarié.
Le comportement global du salarié, sa position dans l'entreprise, ainsi que son niveau de responsabilité sont des éléments cruciaux pour évaluer la gravité d'une faute. Une attitude négligente ou un manque de discipline peut justifier une faute simple, tandis qu'un comportement délibérément hostile ou destructeur caractérise souvent une faute lourde.
Exemple : Un cadre dirigeant qui viole ses obligations de confidentialité pourrait voir sa faute qualifiée de lourde, en raison de la responsabilité particulière qui pèse sur lui.
En revanche, un employé en bas de la hiérarchie qui fait une erreur par négligence pourrait se voir reprocher une faute simple, ne justifiant pas une rupture anticipée pour faute grave.
C. La répétition des manquements.
La répétition de fautes légères ou simples peut conduire à une aggravation de leur gravité. Si un salarié commet régulièrement des manquements, même mineurs, leur accumulation peut justifierpour faute grave.
La jurisprudence est particulièrement attentive à cet aspect lorsque l’employeur a déjà mis en garde le salarié sans amélioration notable.
Exemple : Un retard isolé pourrait être qualifié de faute simple, mais si le salarié est régulièrement en retard, malgré plusieurs avertissements, cela pourrait être requalifié en faute grave.
D. Proportionnalité de la sanction .
Le juge va évaluer la proportionnalité entre la faute commise et la sanction prise.
Une faute est grave si la rupture immédiate du contrat est la seule solution possible pour l’employeur.
Si une autre sanction, comme un avertissement ou une mise à pied disciplinaire, est plus adaptée, la faute sera probablement qualifiée de simple.
La faute lourde, quant à elle, ne peut être retenue que si l’intention de nuire est démontrée.
E. Le contexte de la faute.
Le contexte dans lequel la faute a été commise joue également un rôle important. Une erreur commise dans des circonstances de forte pression ou dans une situation exceptionnelle peut atténuer la gravité de la faute.
À l’inverse, une faute commise de manière délibérée ou en violation des avertissements antérieurs est plus susceptible d’être considérée comme grave ou lourde.
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Inaptitude du salarié constatée par le médecin du travail.
Depuis la loi du 17 mai 2011, l'inaptitude du salarié permet de rompre un contrat à durée déterminée et ce quelques soit le motif professionnel ou non professionnel, sans recours judiciaire.
Cette mesure simplifie le processus de rupture anticipée du CDD.
Pour plus de détails sur la procédure et les indemnités en cas d'inaptitude, consultez la rebrique "Procédure de licenciement pour inaptitude".
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Embauche du salarié en contrat à durée indéterminée.
Lorsqu'un salarié sous contrat à durée déterminée (CDD) justifie d'une embauche pour une durée indéterminée, il peut légitimement rompre son contrat avant son terme.
Cette situation concerne non seulement les embauches dans une autre entreprise, mais aussi dans un autre établissement de la même entreprise.
Toutefois, la loi ne précise pas la forme que doit prendre la preuve de cette embauche. Selon l'administration, une lettre d'engagement ou un contrat de travail comportant une date d'embauche constitue une preuve valable.
En revanche, une simple déclaration d'intention sans engagement clair pourrait ne pas suffire. La réalité de l'embauche s'apprécie au moment où le salarié décide de rompre son contrat.
A noter : Si l'embauche ne se concrétise pas, l'employeur ne peut invoquer un préjudice à moins de prouver que le salarié a agi de manière frauduleuse pour provoquer la rupture du contrat.